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Les 100 jours
9 juin 2008

Etape 15, jungle péruvienne

carte15Profil de l'étape

Départ : Iquitos
Arrivée : A 2h de bâteau d'Iquitos, dans la forêt amazonienne
Caractéristiques : Le bout du monde
Ne pas oublier : son poncho ^^


Les choses sérieuses commencent. Au départ d’Iquitos, nous partons pour trois jours dans la jungle. Guido est notre guide indépendant. Il s’est occupé de tout : moustiquaires pour dormir, eau, nourriture… De notre côté, nous n’emmenons que le strict nécessaire, celui-ci ne se cantonnant plus au moins qu’au spray anti-moustiques et à la trousse de secours. Pour le reste, s’encombrer ne sert à rien, car la pirogue n’est pas extensible et la jungle reste quoiqu’il arrive un milieu hostile où, même en tentant de tout prévoir, on ne peut rien faire contre les averses tropicales, l’invasion des insectes, la boue et j’en passe. Moins chère que de passer par une agence, l’expérience s’annonce aussi probablement plus authentique. Et même si cela ne dure que trois jours, c’est en réalité bien suffisant pour ne pas vouloir y passer une semaine ^^

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Nous partons donc tôt le matin et embarquons au port. Nous y trouvons notre petit bateau qui nous permet de descendre un bras de l’Amazone pendant environ 2h. Un anglais (bodybuildé, crâne rasé, enfin voyez le genre) vient compléter notre groupe avec notre guide Guido, son fils de 16 ans et un troisième péruvien faisant office de cuisinier.

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Enfin nous arrimons, débarquons le matériel et traversons un village pour rejoindre un autre fleuve quelques centaines de mètres plus loin. Les maisons sont toutes les mêmes, constructions en bois sur pilotis parmi la végétation luxuriante. La « place du village » est un terrain de foot. Effervescence chez les quelques habitants (et surtout les nombreux gamins) dès qu’ils voient des inconnus débarquer dans leur quotidien.

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Dans l’une des maisons, nous faisons la rencontre d’un paresseux. C’est un peu l’attraction, même pour les Amazoniens. Il faut dire que l’animal est très bizarre, tout droit sorti d’un film de science-fiction. Malgré son extrême lenteur, le guide nous prévient qu’il faut faire attention (à ses pattes, surtout). Drôle d’impression de le tenir en main : il est rigide comme un tronc d’arbre.

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Malgré cette pause, nous n’avons pas encore rejoins notre camp. Pour cela, la deuxième partie du voyage se fait en pirogue.

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Nous planons au raz du fleuve, évacuons l’eau qui s’invite dans notre barque grâce à un seau en plastique, et progressons de plus en plus profondément dans la forêt.

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L’eau sale, stagnante, se perd de chaque côté dans des marécages sous les lianes enchevêtrées. Quelques mètres en dessous, des crocodiles dorment peut-être. Il faut dire que l’Amazonie « vit » surtout la nuit et qu’en pleine journée, le calme apaisant de la jungle est surtout perturbé par le mouvement des rames de la pirogue.

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Finalement, nous arrivons chez la famille qui nous hébergera deux nuits.

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Le temps de préparer le repas, notre guide nous invite à accompagner l’un de ses potes à l’occasion d’une petite balade en forêt. Autant se mettre directement dans l’ambiance, alors c’est parti, malgré le temps menaçant. Faisons gaffe où nous mettons les pieds. La « maman » du foyer a vu un boa de plusieurs mètres de long rôder autour de la maison pas plus tard qu’hier.

Notre éclaireur ouvre le chemin à grands coups de machette, et tandis qu’une pluie infernale et interminable vient s’abattre sur nous, nous suivons vêtus de nos ponchos.

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Enfin quand je dis « nous », c’est oublier l’irréductible "homme en vert", qui a « volontairement » décidé de laisser son poncho à Iquitos et se retrouve par conséquent à se balader en chemise quelque soit la météo. Faudra lui demander, mais je crois qu’il a regretté.

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"L'homme en vert"

Car la pluie dans la jungle, c’est rapidement difficilement supportable. La chaleur humide et étouffante, le sol totalement glissant et boueux, la végétation abondante trempée au milieu de laquelle nous essayons tant bien que mal de nous frayer un chemin, l’eau qui dégringole de partout, s’infiltre dans les chaussures et inonde nos vêtements, et les moustiques qui ne disparaissent jamais... Mais malgré cette… oui, osons le mot, cette « situation de l’extrême », Louis, en valeureux reporter, est parvenu à nous ramener quelques clichés d’incongruités de la flore locale.

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Au bout d’une demi-heure, retour à la maison sous la pluie battante. Autour, le terrain est devenu une vraie piscine de boue. Nous marchons sur des troncs d’arbres et des planches en bois pour éviter le grand plongeon, sur le regard placide des cochons.

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Puis, rien. Nos moustiquaires installées, nous nous octroyons une petite sieste de quelques heures tandis qu’au dehors, le temps ne semble pas être à l’amélioration.

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Au réveil, tandis que chaussettes et pantalon trempés pendent aux poutres, collation et jeux de cartes nous permettent d’attendre la nuit tombante. Evidemment, au crépuscule, l’invasion de moustiques commence. Le spray n’a qu’un effet limité comparé au véritable acharnement auquel se livrent les bestioles sur la peau. Si je compte mes piqûres par dizaines, je suis cependant légèrement plus épargné que Raph et Louis. La bataille contre le moustique est une guerre de tous les instants dans laquelle de toute façon, il faut accepter de se retrouver perdant… et prendre sur soi. C’est psychologiquement assez torturant et nous comprenons le pourquoi du traitement contre certains effets du paludisme que nous suivons depuis quelques jours (un comprimé par semaine aux effets secondaires assez forts selon les personnes, mais qui vient prévenir des symptômes les plus graves de la maladie, même s’il n’empêche rigoureusement pas de la contracter).

En soirée, l’accalmie nous permet de partir en excursion nocturne. L’anglais prend les devants dans une pirogue, et nous le suivons, aux aguets. Ambiance, ambiance. Nos barques glissent lentement sur l’eau trouble dans l’obscurité, les mille et uns cris d’animaux et craquements viennent de toute part. Le fusil n’est pas loin et pour cause. Nous partons à la chasse pour trouver de quoi « nourrir la tribu ». L’idée peut paraître absurde, mais nous ne faisons que partager le mode d’existence des gens qui passent leur vie dans la jungle à chercher leur nourriture de cette manière.

Au bout d’une petite heure à progresser dans des sortes de marais, à dire « attention à la branche » et à nous baisser pour passer sous de gros troncs d’arbres renversés, les barques s’immobilisent. Nous restons discrets et nous nous contentons d’observer dans la direction du faisceau lumineux de la lampe torche. L’espace d’un instant s’y reflète le rouge vif d’un regard de crocodile, à une dizaine de mètres. Nous n’irons pas le tuer. Il est trop gros et sa famille, à ce qu’il paraît, n’est pas loin. Alors pas de prise de risque inutile… on n’est pas au cinéma.

Néanmoins, nous ne rentrons pas totalement bredouilles.

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Lendemain bien gadouilleux. Louis en fait les frais.

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Les vêtements sont toujours trempés, les chaussures également. Autant être fataliste, et même si la journée s’annonce ensoleillée, pour être au sec il faudra au moins attendre le soir. 

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Dans l’immédiat, les réjouissances qui nous attendent nous permettent d’oublier le confort rudimentaire dans lequel nous vivons : rencontre avec une tribu aborigène de la jungle, nouvelle balade, visite d’un village, partie de pêche, coucher de soleil sur l’Amazone... Et pendant ce temps, j’oublie presque de l’écrire car l’évidence se sera imposée à moi durant plus de 2 mois… mais je suis malade. Tout ce que j’ingurgite me reste sur l’estomac, l’intestin fait la grève. Depuis La Paz où elle s’est déclenchée, j’ai toujours la typhoïde, et ce séjour dans l’Amazonie n’est pas fait pour arranger les choses. Mais à des milliers de kilomètres du moindre traitement efficace, je finis par être fataliste : autant vivre avec, et attendre quelques semaines avant de reprendre le mode de vie approprié qui me guérira. Avec le recul ça paraît loin, mais pfiou, cette maladie à chier m’en aura fait voir de toutes les couleurs -qu’on me pardonne la formulation, mais je ne trouve pas mieux pour l’exprimer. Bref, tout ça à cause d’un vaccin qui n’est efficace qu’à 60% (Dieu merci, il protège des formes les plus graves de la maladie) et du sort qui a voulu que ça tombe sur moi.

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La suite à l’épisode prochain.

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Commentaires
J
La semaine est longue ... ^^
N
Yerno > ... LA révélation : je porte des lentilles ^^<br /> Ce modèle de lunettes me sert à me déguiser en prof de maths de temps en temps mais ce rôle commence à m'ennuyer. <br /> <br /> Par ailleurs, avis à tout le monde : <br /> je ne poste plus ces jours-ci car je suis bien trop occupé pour me consacrer corps et âme à ce blog, et j'ai tendance à préférer profiter de mes derniers jours en Argentine plutôt que revenir sur mon voyage. Mais le prochain article sera en ligne dans la semaine... Bref, le site va continuer à s'enrichir petit à petit, je ne baisse pas les bras devant l'ampleur du voyage restant à accomplir !
Y
Ces lunettes me laissent perplexe.<br /> :D
V
Le valereux reporter, il a pas l'air con maintenant que grace à sa bravoure il n'a plus d'appareil photo...<br /> Beau résumé de l'expédition
A
L'homme blanc en vert était vêtu de blanc, envers et contre tout, un blanc bec dans l'Enfer vert, nu comme un ver...
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