Etape 12, Nazca : la suite
Certaines photos de cet article, représentant des cadavres momifiés, peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes.
Toujours Nazca, parce qu'il n'y a pas que les lignes
Calendrier : du 29 au 31 décembre 2007
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Nazca, toujours.
Un voyageur qui s'attarde à l'hôtel, ça ne court pas les rues. Alors rapidement, je fais connaissance avec l'envers du décor lors de mes journées sans programme. Discussion avec les employés qui font leur lessive sur la terrasse, repas avec eux le soir dans un petit restau sans prétention... Je me fonds dans la nonchalance de la ville, rencontre ses gens, et vit au rythme de la cumbia qui résonne sur ses trottoirs. A certains endroits, des chiens errants fouillent les poubelles, des petits vieux tuent le temps sur le pas de leur porte et des nuages de gaz et de poussière s'échappent des voitures qui passent.
Je rencontre aussi deux français, de manière assez inattendue. Une fille tout d'abord, de mon âge, qui voyage au Pérou depuis deux mois, rêve de s'y installer, ayant quitté la France pour mieux la fuir. Elle a trouvé un petit job a l'hôtel et prépare les petits déjeuners des clients, le matin. Deux chiens l'accompagnent, abandonnés suite au grand séisme quelques mois auparavant qui a tout détruit, quelques dizaines de kilomètres plus loin.
Et puis, il y a R..., un Normand que je croise également à l'hôtel. Alors lui, il a carrément décidé de faire un tour du monde express en un mois. Il a déjà "fait" l'Albanie, les USA, la Nouvelle Zélande... Il était encore à Las Vegas 48h auparavant et, selon ses projets, sera au salar d'Uyuni quatre jours après. Le voyage idiot dans toute sa splendeur.
Bref. Place aux activités, histoire de nous occuper un peu. Une matinée, un guide m'emmène (avec R... donc) au cimetière de Chauchillas, à quelques dizaines de km de Nazca. On emprunte des chemins en plein dans le désert pour finalement arriver sur le site.
Ce site archéologique est un cimetière Huari (pré-inca), le seul du pays qui a en partie survécu aux pilleurs de tombes et où l'on peut observer les momies dans leur cadre naturel. Quand les archéologues ont découvert Chauchillas, 90% des dizaines de tombes avaient déjà été violées. Le reste est ce qui se visite de nos jours, sous surveillance permanente.
Ce qui surprend, et pourrait même faire croire à un immense attrape-touristes, c'est la stupéfiante conservation des momies. Reposant dans leurs chambres funéraires sous le sol, certaines d'entre-elles ont encore leurs cheveux et un peu de peau... Selon le guide, cela s'explique par l'absence d'humidité et la qualité du sol. Une expérience assez troublante.
On trouve aussi quelques momies au tout petit musée, à côté.
Pour le détail... Même les ongles sont restés
Pendant ce temps, un phénomène étrange et impressionnant se produit dans le ciel. Sur le coup, nous ne comprenons pas. Une énorme auréole (tellement énorme qu'elle rentre à peine dans l'objectif de l'appareil photo) entoure le Soleil. Evidemment, Nazca étant connue pour vouloir attirer les bestioles de l'espace, on s'est d'un coup demandé si ce n'était pas une soucoupe volante géante et si le remake en réel de Mars Attacks n'était pas pour aujourd'hui...
Mais soyons sérieux. Il s'agirait ni plus ni moins d'un "cercle-en-ciel" (en fait, tous les arc-en-ciel sont des "cercles" mais dont la moitié est cachée par l'horizon). Pour plus de renseignements, ne faites pas appel à moi.
Autre visite non dénuée d'intérêt : l'atelier d'extraction d'or. Les employés y travaillent à l'ancienne, les pieds dans l'eau boueuse, les mains dans le mercure... La récolte de l'or, même s'il ne s'agit que de quelques grammes, emploie 1/3 de la population active de Nazca. Le premier client, forcément, est le touriste.
Après quelques jours bien tranquilles, je quitte Nazca le 31 décembre pour rejoindre Raph et Louis (nouveau compagnon de route en perspective, youpi) à Lima, la capitale du Pérou, sur la côte de l'océan pacifique. Pour une fois, j'emprunte le bus local, qui s'arrête dans les petits villages sur son chemin. Le passage par Ica me permet de constater les dégats causés par le tremblement de terre d'août 2007 (magnitude de 8 sur l'échelle de Richter, 510 morts selon le gouvernement, 85000 foyers détruits) : on voit bien que les péruviens s'attachent à reconstruire rapidement, mais le paysage est encore un paysage de guerre. Certains villages sont détruits à 80%... Des murs sans toits, des briques en tas et des tas de planches, des conditions misérables devant des lendemains qui déchantent. Touriste dans un bus de péruviens devant le spectacle du désastre qui s'est abattu sur eux, j'ai préféré laissé l'appareil photo rangé le plus souvent.
Et, malgré cela, quelques heures plus tard, je serai en boîte, prendrai une Vodka Martini secouée mais non agitée, et passerai du malaise à l'oubli.