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Les 100 jours

25 août 2008

Etape 16, encore la jungle

carte15Profil de l'étape

Calendrier : 10 janvier 2008
Caractéristiques : suite des hostilités amazoniennes


L'aventure continue ! Rappelez-vous... Trois énergumènes dans la jungle péruvienne... L'Homme en vert, les moustiques, la chasse au crocodile... L'excursion réserve encore son lot de surprises.

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Deuxième journée.
Après la pluie, le beau temps revient progressivement... Mais l'heure reste à l'humidité. Les vêtements ne se sont pas remis de la pluie tropicale de la veille et sèchent tant bien que mal sur les poutres de la maison sur pilotis où nous logeons. Dessous, les cochons s'affairent dans la boue.

La pirogue nous mène cette fois-ci à la rencontre inattendue avec une tribu aborigène. La communauté que nous rencontrons ne vit pas là où nous mettons les pieds. Il s'agit d'un village reconstitué, spécialement construit pour ce genre de rencontres... Un bon consensus pour respecter leur intimité, et ne pas nous comporter en conquérants. Eux nous proposent leurs colliers traditionnels (à base de dents de piranhas, de crânes de bébés crocodiles, de carapaces de tortures) tandis qu'en contrepartie, ils nous autorisent à prendre autant de photos que nous souhaitons. Nous nous soumettons aussi au rituel des quelques coups de peinture sur le visage et partageons quelques instants parmi la tribu composée d'un Homme, de femmes et d'enfants.

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Moment ludique de la rencontre : le sage nous propose de souffler dans un bambou propulseur de fléchettes, comme le font (le faisaient) les Amazoniens pour chasser. Le mythe s'écroule cependant lorsqu'il nous avoue que dorénavant, ils utilisent le fusil, bien plus pratique.

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Instant vaisselle

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Des œufs d'on ne sait quoi

Au détour d'une promenade dans la jungle sur des sentiers dessinés à grands coups de machette, nous tombons dans un champ de cannes à sucre, où deux péruviens fabriquent une pirogue sous une chaleur écrasante.

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De retour vers le fleuve...

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Le guide casse l'écorce d'un tronc d'arbre et nous propose un ver blanc en guise de collation. J'ai testé pour vous : l'animal ne proteste pas trop, craque sous la dent, et ne laisse pas un goût inoubliable.

Puis, de retour à la maison... Au menu ce midi : banane, riz et poisson fraîchement pêché dans le fleuve. Rien que pour vos yeux et pour notre estomac.

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Notre guide et son acolyte en profitent aussi pour me demander de soigner leurs bobos. Il faut dire que je trimbale la trousse de premiers secours et que je suis plus ou moins "médecin volontaire désigné d'office". Le premier me montre la très moche écorchure sur son talon, que je désinfecte tant bien que mal, puis entoure d'un superbe bandage qui ne restera pas dans les mémoires. Le second me montre un ongle totalement désintégré. Ne sachant que faire et espérant que l'effet placebo sera efficace, je me contente de lui étaler un peu de... pommade :p

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Le bar du coin, the place2be

Après-midi pêche. Après avoir traversé un village dans lequel nous distribuons quelques bonbons, nous stoppons la barque dans un recoin marécageux. Bouts de poisson à l'hameçon, rapidement les branches en guise de canne à pêche se tendent.

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Bonbons à gogo

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Puis, à quelques encablures de là, nous visitons un village amazonien typique. La place principale, c'est le terrain de foot, juste en face de l'hôpital du coin. La morale s'écrit sur les murs des maisons. Le mensonge et le vol nos détruisent et nous réduisent en esclavage. La vérité et l'honnêteté nous rendent libres et prospères.

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Le crépuscule s'abat sur la jungle.

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Plante carnivore ?

Tandis que les moustiques s'affairent silencieusement au-dessus de l'eau, le soleil rejoint l'horizon et nous offre le spectacle d'un coucher de soleil sur l'Amazone. Notre guide siffle et appelle les dauphins roses, qui nous comblent de quelques apparitions furtives.

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C'est l'heure du bain familial dans des eaux dégueulasses. Mais qu'importe : nous restons sur la terre ferme et prenons de bien jolies photos. Il est des lieux où somme toute, l'on préfère rester touriste.

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Demain, retour à Iquitos pour entamer la descente du Rio Amazonas sur tout son tronçon navigable pour les vapeurs. L'océan atlantique est à 3700 kilomètres et nous attend dans une dizaine de jours.

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9 juin 2008

Etape 15, jungle péruvienne

carte15Profil de l'étape

Départ : Iquitos
Arrivée : A 2h de bâteau d'Iquitos, dans la forêt amazonienne
Caractéristiques : Le bout du monde
Ne pas oublier : son poncho ^^


Les choses sérieuses commencent. Au départ d’Iquitos, nous partons pour trois jours dans la jungle. Guido est notre guide indépendant. Il s’est occupé de tout : moustiquaires pour dormir, eau, nourriture… De notre côté, nous n’emmenons que le strict nécessaire, celui-ci ne se cantonnant plus au moins qu’au spray anti-moustiques et à la trousse de secours. Pour le reste, s’encombrer ne sert à rien, car la pirogue n’est pas extensible et la jungle reste quoiqu’il arrive un milieu hostile où, même en tentant de tout prévoir, on ne peut rien faire contre les averses tropicales, l’invasion des insectes, la boue et j’en passe. Moins chère que de passer par une agence, l’expérience s’annonce aussi probablement plus authentique. Et même si cela ne dure que trois jours, c’est en réalité bien suffisant pour ne pas vouloir y passer une semaine ^^

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Nous partons donc tôt le matin et embarquons au port. Nous y trouvons notre petit bateau qui nous permet de descendre un bras de l’Amazone pendant environ 2h. Un anglais (bodybuildé, crâne rasé, enfin voyez le genre) vient compléter notre groupe avec notre guide Guido, son fils de 16 ans et un troisième péruvien faisant office de cuisinier.

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Enfin nous arrimons, débarquons le matériel et traversons un village pour rejoindre un autre fleuve quelques centaines de mètres plus loin. Les maisons sont toutes les mêmes, constructions en bois sur pilotis parmi la végétation luxuriante. La « place du village » est un terrain de foot. Effervescence chez les quelques habitants (et surtout les nombreux gamins) dès qu’ils voient des inconnus débarquer dans leur quotidien.

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Dans l’une des maisons, nous faisons la rencontre d’un paresseux. C’est un peu l’attraction, même pour les Amazoniens. Il faut dire que l’animal est très bizarre, tout droit sorti d’un film de science-fiction. Malgré son extrême lenteur, le guide nous prévient qu’il faut faire attention (à ses pattes, surtout). Drôle d’impression de le tenir en main : il est rigide comme un tronc d’arbre.

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Malgré cette pause, nous n’avons pas encore rejoins notre camp. Pour cela, la deuxième partie du voyage se fait en pirogue.

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Nous planons au raz du fleuve, évacuons l’eau qui s’invite dans notre barque grâce à un seau en plastique, et progressons de plus en plus profondément dans la forêt.

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L’eau sale, stagnante, se perd de chaque côté dans des marécages sous les lianes enchevêtrées. Quelques mètres en dessous, des crocodiles dorment peut-être. Il faut dire que l’Amazonie « vit » surtout la nuit et qu’en pleine journée, le calme apaisant de la jungle est surtout perturbé par le mouvement des rames de la pirogue.

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Finalement, nous arrivons chez la famille qui nous hébergera deux nuits.

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Le temps de préparer le repas, notre guide nous invite à accompagner l’un de ses potes à l’occasion d’une petite balade en forêt. Autant se mettre directement dans l’ambiance, alors c’est parti, malgré le temps menaçant. Faisons gaffe où nous mettons les pieds. La « maman » du foyer a vu un boa de plusieurs mètres de long rôder autour de la maison pas plus tard qu’hier.

Notre éclaireur ouvre le chemin à grands coups de machette, et tandis qu’une pluie infernale et interminable vient s’abattre sur nous, nous suivons vêtus de nos ponchos.

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Enfin quand je dis « nous », c’est oublier l’irréductible "homme en vert", qui a « volontairement » décidé de laisser son poncho à Iquitos et se retrouve par conséquent à se balader en chemise quelque soit la météo. Faudra lui demander, mais je crois qu’il a regretté.

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"L'homme en vert"

Car la pluie dans la jungle, c’est rapidement difficilement supportable. La chaleur humide et étouffante, le sol totalement glissant et boueux, la végétation abondante trempée au milieu de laquelle nous essayons tant bien que mal de nous frayer un chemin, l’eau qui dégringole de partout, s’infiltre dans les chaussures et inonde nos vêtements, et les moustiques qui ne disparaissent jamais... Mais malgré cette… oui, osons le mot, cette « situation de l’extrême », Louis, en valeureux reporter, est parvenu à nous ramener quelques clichés d’incongruités de la flore locale.

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Au bout d’une demi-heure, retour à la maison sous la pluie battante. Autour, le terrain est devenu une vraie piscine de boue. Nous marchons sur des troncs d’arbres et des planches en bois pour éviter le grand plongeon, sur le regard placide des cochons.

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Puis, rien. Nos moustiquaires installées, nous nous octroyons une petite sieste de quelques heures tandis qu’au dehors, le temps ne semble pas être à l’amélioration.

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Au réveil, tandis que chaussettes et pantalon trempés pendent aux poutres, collation et jeux de cartes nous permettent d’attendre la nuit tombante. Evidemment, au crépuscule, l’invasion de moustiques commence. Le spray n’a qu’un effet limité comparé au véritable acharnement auquel se livrent les bestioles sur la peau. Si je compte mes piqûres par dizaines, je suis cependant légèrement plus épargné que Raph et Louis. La bataille contre le moustique est une guerre de tous les instants dans laquelle de toute façon, il faut accepter de se retrouver perdant… et prendre sur soi. C’est psychologiquement assez torturant et nous comprenons le pourquoi du traitement contre certains effets du paludisme que nous suivons depuis quelques jours (un comprimé par semaine aux effets secondaires assez forts selon les personnes, mais qui vient prévenir des symptômes les plus graves de la maladie, même s’il n’empêche rigoureusement pas de la contracter).

En soirée, l’accalmie nous permet de partir en excursion nocturne. L’anglais prend les devants dans une pirogue, et nous le suivons, aux aguets. Ambiance, ambiance. Nos barques glissent lentement sur l’eau trouble dans l’obscurité, les mille et uns cris d’animaux et craquements viennent de toute part. Le fusil n’est pas loin et pour cause. Nous partons à la chasse pour trouver de quoi « nourrir la tribu ». L’idée peut paraître absurde, mais nous ne faisons que partager le mode d’existence des gens qui passent leur vie dans la jungle à chercher leur nourriture de cette manière.

Au bout d’une petite heure à progresser dans des sortes de marais, à dire « attention à la branche » et à nous baisser pour passer sous de gros troncs d’arbres renversés, les barques s’immobilisent. Nous restons discrets et nous nous contentons d’observer dans la direction du faisceau lumineux de la lampe torche. L’espace d’un instant s’y reflète le rouge vif d’un regard de crocodile, à une dizaine de mètres. Nous n’irons pas le tuer. Il est trop gros et sa famille, à ce qu’il paraît, n’est pas loin. Alors pas de prise de risque inutile… on n’est pas au cinéma.

Néanmoins, nous ne rentrons pas totalement bredouilles.

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Lendemain bien gadouilleux. Louis en fait les frais.

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Les vêtements sont toujours trempés, les chaussures également. Autant être fataliste, et même si la journée s’annonce ensoleillée, pour être au sec il faudra au moins attendre le soir. 

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Dans l’immédiat, les réjouissances qui nous attendent nous permettent d’oublier le confort rudimentaire dans lequel nous vivons : rencontre avec une tribu aborigène de la jungle, nouvelle balade, visite d’un village, partie de pêche, coucher de soleil sur l’Amazone... Et pendant ce temps, j’oublie presque de l’écrire car l’évidence se sera imposée à moi durant plus de 2 mois… mais je suis malade. Tout ce que j’ingurgite me reste sur l’estomac, l’intestin fait la grève. Depuis La Paz où elle s’est déclenchée, j’ai toujours la typhoïde, et ce séjour dans l’Amazonie n’est pas fait pour arranger les choses. Mais à des milliers de kilomètres du moindre traitement efficace, je finis par être fataliste : autant vivre avec, et attendre quelques semaines avant de reprendre le mode de vie approprié qui me guérira. Avec le recul ça paraît loin, mais pfiou, cette maladie à chier m’en aura fait voir de toutes les couleurs -qu’on me pardonne la formulation, mais je ne trouve pas mieux pour l’exprimer. Bref, tout ça à cause d’un vaccin qui n’est efficace qu’à 60% (Dieu merci, il protège des formes les plus graves de la maladie) et du sort qui a voulu que ça tombe sur moi.

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La suite à l’épisode prochain.

3 juin 2008

Etape 14, Iquitos

carte14Profil de l'étape

Iquitos,
Calendrier : du 6 au 8 janvier 2008
Caractéristiques : l'Amazonie enfin.
Dans l'idéal : ne pas faire une crise cardiaque. Le premier centre hospitalier digne de ce nom est un peu loin.


L'avion s'est offert une échappée de l'étouffante Lima et survole ce qui s'annonce comme notre terrain de jeu des jours à venir : l'Amazonie.

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Du Pacifique à l'Atlantique, le rendez-vous avec l'océan est pris pour trois semaines plus tard. En attendant : excursion dans la jungle, découverte de villes amazoniennes et descente du fleuve Amazone de sa naissance à son embouchure, soit sur un peu plus de 3500 kilomètres. Voici le programme alléchant des prochaines étapes.

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Vue de haut, l'immensité fait peur. Hormis de rares espaces défrichés et quelques cours d'eau en lacets, la végétation luxuriante se perd à l'horizon. On devine déjà la jungle sous nos pieds, les tempêtes tropicales, les crocodiles déguisés en tronc d'arbre et toutes les sales bestioles qu'on retrouve dans Indiana Jones.

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L'avion descend, nous avons l'impression de frôler les arbres et d'atterrir en pleine forêt. En réalité, nous voici à Iquitos, considérée comme la "grande ville" péruvienne amazonienne.

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Dès nos premiers pas sur le tarmac, la chaleur équatoriale nous saisit et nous convainc de ne pas commencer à nous plaindre. Après tout, on est aussi venu là pour ça. Et puis, on comprend pourquoi il nous fallait prendre l'avion : ici, le contact routier avec l'extérieur n'existe pas. Iquitos est cernée par la jungle sur des milliers de kilomètres, et fonctionne presque en vase clos. Seuls les quelques avions et les bateaux la relient avec le reste du pays ou avec les pays frontaliers. Quand on ne consomme pas "local", tous les produits y sont donc plus chers. D'un coup, les distances paraissent considérables. On est très loin de tout, et on s'en rend compte.

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Dès notre sortie de l'aéroport, les guides nous agressent. Pas difficile de trouver celui qui nous emmènera faire un tour dans la jungle quelques jours plus tard, celui-ci parlementant à l'aide de son "cahier de recommandation" (soigneusement rempli par les touristes) jusqu'à ce que nous acceptions.

L'auberge de jeunesse où nous nous logeons est, surprise, tenue par un Français (normand !), semble-t-il en quête de perdition et de recherche de la Vérité. Plus généralement, la ville est bel et bien l'Eldorado des touristes en quête de mysticisme, à base de formules et rites vaudous, de plantes magiques et d'incantations exorcisantes prononcées par les sorciers. Par ailleurs, de nombreux panneaux muraux nous rappellent aussi qu'Iquitos est une cible privilégiée pour le trafic d'enfants, et mettent en garde les éventuels pédophiles en chasse venant profiter de la beauté métisse (il est vrai assez surprenante) de gamins en perdition.

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Dans notre auberge : un perroquet sympa qui nous réveillait le matin dès le lever du soleil en gueulant "Rafaeeeeel". Cela ne manquait évidemment pas de mettre Raph, comme chacun le sait dormeur invétéré, de mauvais poil. Au passage, c'est donc aussi la preuve que les perroquets gris du Gabon ne sont pas les seuls à pouvoir parler ^^

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Un pote toucan, très sympa aussi

Sinon pour revenir à nos moutons, Wah. Beaucoup de touristes parlent d'Iquitos, mais très peu s'y rendent. Il faut dire que niveau accessibilité, y'a plus simple. On s'y sent donc rapidement (et agréablement) seuls. Mais le lieu est à la hauteur de sa très bonne réputation et remporte sans problème le grand prix de la ville la plus accueillante des 100 jours, avec Cuzco.

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Pour circuler, très peu de voitures. Ici, ce sont des "motos-taxis" qui nous mènent d'un bout à l'autre de la ville.

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Ce n'est pas pour rien si Iquitos est souvent appelée la "ville la plus sûre du continent"... Effectivement, on s'y sent (curieusement ?) en sécurité. Les péruviens nous abordent avec le sourire et engagent la conversation, les gamins accourent pour poser devant nos appareils photos. Ici, on traîne dans les rues sans soucis, le jour comme la nuit (peut-être aussi parce que tout le monde a tendance à se connaître, d'où un fort contrôle social ?). Et en soirée, les rassemblements se font en plein air sur la place centrale autour des serpents, puis un peu plus tard en famille autour de l'orchestre local de "musique traditionnelle" (pensez au tube de l'été Tic tic tac il y a une dizaine d'années pour vous faire une idée), ou encore en boîte. Comme on peut s'en douter, les moeurs sont assez libres, sans complexes. Sortir en famille n'est pas un problème pour les plus jeunes. Pour exemple, il n'est pas rare de se faire draguer par la mère de 40 ans venue accompagner sa fille adolescente ^^...

Clichés de la vie quotidienne...

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Le soir de notre arrivée, défilé des enfants des écoles à l'occasion de la fête de la ville

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Petit tour au marché...

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Concert bon enfant improvisé sous les yeux des quidams

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Piranha : poisson prédateur vorace qui sait faire mal quand il faut. Pour plus d'infos : www.piranhas-fr.com

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"Danse rituelle" autour des serpents (qui d'ailleurs n'arrêtaient pas de vouloir se barrer pour venir dire bonjour au public)

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31 mai 2008

Etape 13, Lima

carte12Profil de l'étape

Lima,
Calendrier : du 31 décembre 2007 au 5 janvier 2008
Caractéristiques : un peu de repos avant l'Amazonie
Ne pas oublier : commencer le traitement antipaludique en prévision des prochaines semaines


Je mets les pieds à Lima à plus de 22h, et débarqué au terminal de bus, je trouve un taxi pour gagner l’hôtel où se trouvent Raph et Louis, quelques kilomètres plus loin. Les rues sont vides, l’ambiance est glauque. Arriver seul dans une grande ville la nuit en en connaissant les risques éventuels n’est pas rassurant. Vigilance.

L’auberge de jeunesse où je rejoins les deux compères, le "Loki", n’est autre qu’une guesthouse accueillant des dizaines d’étudiants de tous coins du monde, répartis dans des dortoirs. Dans les couloirs et la salle commune, c'est l'effervescence. Il me faut un peu de temps pour me réhabituer au bruit et à l'ambiance estudiantine, mais rapidement, les évènements me rattrapent et me font oublier les vertus ataraxiques de la cordillères des Andes.
Ce soir, c'est Saint Sylvestre. Louis, Raph et moi privilégions une boîte de nuit sur le bord de mer de Miraflores.

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Nous passons 5 jours à Lima. On ne peut pas dire qu'en soit, la ville soit intéressante. Morne, elle n'invite pas vraiment à la flânerie, tandis que le ciel bleu des jours de beau temps est constamment caché par un énorme nuage de pollution... L'avantage est le ciel rose des fins de journées, qui vient curieusement embellir la ville.

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Miraflores, le quartier de notre hôtel, rassemble une bonne partie de la classe riche dans des bâtiments sans charmes décorés d'enseignes McDo, Burger King, Pizza Hut... On pourrait être dans une banale ville américaine, il n'y aurait pas de grandes différences. C'est insipide, et s'il s'agit du quartier le plus sûr, on tourne vite en rond.

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Le centre historique, seule véritable curiosité de la ville, est un curieux mélange d'architecture coloniale, de bâtiments néo-classiques et d'Art Nouveau... S'il est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, on reste cependant frappés par son état de dégradation.

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En voici un qui ne se fait pas de cheveux blancs

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Il suffit de traverser le fleuve : changement de décor.

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Pour le reste, Lima est une ville triste, hypertrophiée, un bordel mieux organisé que La Paz, mais pour nous moins charmant. Il n'y a pas grand chose à voir, et de toute façon ici, s'éloigner = se mettre en danger (comme la fois où des gens nous ont déconseillé de continuer lorsque nous nous dirigions vers le port maritime de Callao). Ne pas se sentir libre dans ses déplacements finit par en être frustrant et pesant.

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Malgré tout, Lima reste une étape des 100 Jours à part entière... Elle marque la fin de notre périple en Cordillère des Andes... et n'avoir rien à faire à du bon. Comme chercher les petits détails qui tuent.

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7 mai 2008

Etape 12, Nazca : la suite

Certaines photos de cet article, représentant des cadavres momifiés, peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes.

carte11Profil de l'étape

Toujours Nazca, parce qu'il n'y a pas que les lignes
Calendrier : du 29 au 31 décembre 2007


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Nazca, toujours.

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Un voyageur qui s'attarde à l'hôtel, ça ne court pas les rues. Alors rapidement, je fais connaissance avec l'envers du décor lors de mes journées sans programme. Discussion avec les employés qui font leur lessive sur la terrasse, repas avec eux le soir dans un petit restau sans prétention... Je me fonds dans la nonchalance de la ville, rencontre ses gens, et vit au rythme de la cumbia qui résonne sur ses trottoirs. A certains endroits, des chiens errants fouillent les poubelles, des petits vieux tuent le temps sur le pas de leur porte et des nuages de gaz et de poussière s'échappent des voitures qui passent.

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Je rencontre aussi deux français, de manière assez inattendue. Une fille tout d'abord, de mon âge, qui voyage au Pérou depuis deux mois, rêve de s'y installer, ayant quitté la France pour mieux la fuir. Elle a trouvé un petit job a l'hôtel et prépare les petits déjeuners des clients, le matin. Deux chiens l'accompagnent, abandonnés suite au grand séisme quelques mois auparavant qui a tout détruit, quelques dizaines de kilomètres plus loin.

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Et puis, il y a R..., un Normand que je croise également à l'hôtel. Alors lui, il a carrément décidé de faire un tour du monde express en un mois. Il a déjà "fait" l'Albanie, les USA, la Nouvelle Zélande... Il était encore à Las Vegas 48h auparavant et, selon ses projets, sera au salar d'Uyuni quatre jours après. Le voyage idiot dans toute sa splendeur.

Bref. Place aux activités, histoire de nous occuper un peu. Une matinée, un guide m'emmène (avec R... donc) au cimetière de Chauchillas, à quelques dizaines de km de Nazca. On emprunte des chemins en plein dans le désert pour finalement arriver sur le site.

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Ce site archéologique est un cimetière Huari (pré-inca), le seul du pays qui a en partie survécu aux pilleurs de tombes et où l'on peut observer les momies dans leur cadre naturel. Quand les archéologues ont découvert Chauchillas, 90% des dizaines de tombes avaient déjà été violées. Le reste est ce qui se visite de nos jours, sous surveillance permanente.
Ce qui surprend, et pourrait même faire croire à un immense attrape-touristes, c'est la stupéfiante conservation des momies. Reposant dans leurs chambres funéraires sous le sol, certaines d'entre-elles ont encore leurs cheveux et un peu de peau... Selon le guide, cela s'explique par l'absence d'humidité et la qualité du sol. Une expérience assez troublante.

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On trouve aussi quelques momies au tout petit musée, à côté.

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Pour le détail... Même les ongles sont restés

Pendant ce temps, un phénomène étrange et impressionnant se produit dans le ciel. Sur le coup, nous ne comprenons pas. Une énorme auréole (tellement énorme qu'elle rentre à peine dans l'objectif de l'appareil photo) entoure le Soleil. Evidemment, Nazca étant connue pour vouloir attirer les bestioles de l'espace, on s'est d'un coup demandé si ce n'était pas une soucoupe volante géante et si le remake en réel de Mars Attacks n'était pas pour aujourd'hui...

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Mais soyons sérieux. Il s'agirait ni plus ni moins d'un "cercle-en-ciel" (en fait, tous les arc-en-ciel sont des "cercles" mais dont la moitié est cachée par l'horizon). Pour plus de renseignements, ne faites pas appel à moi.

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Autre visite non dénuée d'intérêt : l'atelier d'extraction d'or. Les employés y travaillent à l'ancienne, les pieds dans l'eau boueuse, les mains dans le mercure... La récolte de l'or, même s'il ne s'agit que de quelques grammes, emploie 1/3 de la population active de Nazca. Le premier client, forcément, est le touriste.

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Après quelques jours bien tranquilles, je quitte Nazca le 31 décembre pour rejoindre Raph et Louis (nouveau compagnon de route en perspective, youpi) à Lima, la capitale du Pérou, sur la côte de l'océan pacifique. Pour une fois, j'emprunte le bus local, qui s'arrête dans les petits villages sur son chemin. Le passage par Ica me permet de constater les dégats causés par le tremblement de terre d'août 2007 (magnitude de 8 sur l'échelle de Richter, 510 morts selon le gouvernement, 85000 foyers détruits) : on voit bien que les péruviens s'attachent à reconstruire rapidement, mais le paysage est encore un paysage de guerre. Certains villages sont détruits à 80%... Des murs sans toits, des briques en tas et des tas de planches, des conditions misérables devant des lendemains qui déchantent. Touriste dans un bus de péruviens devant le spectacle du désastre qui s'est abattu sur eux, j'ai préféré laissé l'appareil photo rangé le plus souvent.

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Et, malgré cela, quelques heures plus tard, je serai en boîte, prendrai une Vodka Martini secouée mais non agitée, et passerai du malaise à l'oubli.

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1 mai 2008

Etape 11, Lignes de Nazca

carte11Profil de l'étape

Départ : Cuzco
Arrivée : Nazca
Calendrier : 27 et 28 décembre 2007
Caractéristiques : des cailloux et des dessins bizarres




Après deux jours de repos à Cuzco pour profiter du Noël péruvien et régler quelques problèmes de santé persistants, je m'exile dans le désert et laisse Raph partir pour Lima, 1000 kilomètres au nord. De mon côté, mon gros sac sur les épaules, je décide de faire un détour par la région désertique de Nazca, en pèlerinage solitaire sur des terres mystiques.

Une nuit de bus. Lorsque la lumière du jour apparaît, mes yeux découvrent un paysage totalement aride et vide à l'infini. Pour ainsi dire, aucune plante ne pousse. Partout, ce ne sont que gros rochers et cailloux. La région est l'une des plus sèches du monde. Pour ainsi dire la pluie n'existe pas, le vent ne souffle jamais et les températures très élevées sont parfois difficilement supportables. La route serpente entre les collines caillouteuses (je ne veux pas connaître la fréquence des éboulements) et le bus arrive à Nazca, tôt le matin.

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Les guides me sautent dessus dès que je descends, avant même que j'ai récupéré mes bagages dans la soute. Etant seul, je n'hésite pas trop à m'octroyer les services de l'un d'entre eux, qui rapidement me mène au meilleur hôtel de la ville, et me propose de s'occuper de mon vol le lendemain.

Car oui, l'attraction principale ici, c'est prendre l'avion pour observer les étranges et fameux géoglyphes dont les photos ont fait le tour du monde... Mais si, vous savez, les grandes figures tracées au sol que l'on ne voit que du ciel ! Certaines d'entre-elles sont absolument gigantesques, et font plusieurs kilomètres de long. En tout, ce sont 350 dessins qui ont été tracés. Certains représentent des animaux, d'autres d'énormes figures géométriques.
Ces lignes mystérieuses ont attiré l'attention de nombreux scientifiques depuis leur découverte en 1926, mais aussi celle des passionnés d'ésotérisme. Il est aujourd'hui à peu près certain que ces géoglyphes ont été tracés par les Nazcas entre 300 avt JC et l'an 800. Il a été démontré que leur réalisation, grâce à des procédés géométriques "simples", était possible à l'époque. De plus, le climat extraordinaire et l'absence totale de sable et de poussières ont permis leur conservation.

En fait, ce qu'on a du mal à expliquer, c'est pourquoi. Diverses théories ont été formulées, même si celle de Maria Reiche (une mathématicienne qui y a consacré la majeure partie de sa vie) est la plus couramment acceptée. Selon elle, tout ceci formerait un calendrier astronomique géant, les lignes des dessins pointant vers des étoiles particulières.
D'autres pensent plutôt que les lignes servaient à repérer les rares puits d'eau dans la région, ou encore que les Nazcas avaient étendu des feuilles de cuivre sur les lignes pour écouter les ondes produites par les séismes.
Et puis, évidemment, on ne peut s'empêcher de vouloir croire à la théorie ufologique (joli mot, hein) : les figures seraient des pistes d'atterrissage pour soucoupes volantes et les animaux tracés au sol des tentatives de communication avec E.T... plus vraissemblablement, avec les Dieux.
Enfin bref, assez parlé. Retrouvons-nous après ces quelques photos.

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Embarquement à l'aérodrome dans l'un des CESSNA. Je rejoins la piste accroché derrière la moto avec mon pilote (absent sur les photos). Ultimes communications avec la tour de contrôle, mise en piste, et décollage immédiat : c'est parti pour 30 mins de vol.

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Le fameux tableau de bord qui rappelle quelques longues heures passées sur Flight Simulator 2 ^^

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Première énorme figure intriguante... Nous volons à 3500 mètres d'altitude environ.

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Gravé sur le flanc d'une colline, "l'astronaute"

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La figure du singe

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Le condor

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L'araignée

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"le colibri"...

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Une mauvaise idée : avoir pris mon petit déjeuner avant le vol

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Vue aérienne sur la "panamerica", la route qui remonte vers Lima en longeant la côte pacifique

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Encore un oiseau étrange

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La figure de la "grenouille"

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Je ne suis pas responsable du "nom officiel" des figures. Tout au plus peut-on me reprocher d'avoir augmenté le contraste de mes photos pour les faire ressortir au mieux :p

Donc voilà. A Nazca, il n'y a pas beaucoup de choses, hormis le survol des lignes et quelques musées à visiter. Mais c'est aussi ce qui y est bien. Voyager seul et ne pas avoir de programme permet de rencontrer des gens, de vivre avec eux quelques jours, de s'imprégner de l'ambiance d'une ville en se demandant parfois ce qu'on y fait. Découvrir le Pérou autrement, en somme. Car la majorité des touristes ne restent qu'une journée, deux tout au plus.

Zou, à la prochaine étape, toujours à Nazca, vous découvrirez un cimetière de momies assez particulier, un atelier d'extraction d'or et... ce que j'ai bien cru être un OVNI ^^

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20 avril 2008

Etape 10, Machu Picchu

carte8Profil de l'étape

Départ : Winay Waña
Arrivée : Cuzco
Durée : 1 jour
Calendrier : 24 décembre 2007
Caractéristiques : Sur les terres de la cité perdue des Incas
Ne pas oublier : de reprendre le bon train pour Cuzco



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Le 4ème jour de l'Inca Trail prend des allures de Disneyland sous certains aspects. Tous les touristes ont dormi au même campement et se lèvent très tôt pour arriver les premiers au checkpoint, à la porte du site du Machu Picchu. Ce qui fait que même à 6h du matin, tandis que le jour se lève à peine, une grosse file d'attente s'impatiente sur le sentier.

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Heureusement, le contrôle est assez rapide, et on peut rapidement reprendre la marche.

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Cinq derniers kilomètres à parcourir en forêt, et à la vue de chaque virage au loin, la question impatiente qui fait accélérer le pas : y voit-on le Machu Picchu ?

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Il fait très humide, le brouillard est assez épais. Mais Illapa (dieu inca du tonnerre et de la pluie) se barre, et nous laisse, après deux heures de marche, face à la cité perdue de son peuple.

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Le sacré site archéologique du Machu Picchu, découvert en 1911, aurait probablement droit à sa place dans le classement des Sept nouvelles Merveilles du monde. Nous sommes aux confins de la cordillère des Andes et de la forêt amazonienne, à 2500 mètres d'altitude. "Machu Picchu" signifie "vieille montagne", c'est en réalité le nom de la montagne depuis laquelle nous observons le site.

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Le retour de l'Homme en vert

Ce sanctuaire construit sur des falaises tombant à pic fascine. Ne serait-ce que par le site (la ville a échappé aux conquistadors de par son inaccessibilité) et par la taille : 172 constructions s'étendent sur plus de 500 mètres de long et 200 mètres de large. Les blocs de pierre venant de carrières éloignées, on se demande comment une telle construction a été possible.

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De la ville elle-même sinon, on ne sait pas grand chose, si ce n'est qu'elle se divise en 3 blocs : un bloc résidentiel, militaire et religieux. C'était effectivement un lieu de culte, car on y a retrouvé des dizaines de squelettes féminins, probablement de jeunes filles sacrifiées pour le dieu du Soleil. Pour le reste, de nombreux mystères demeurent. Les thèses divergent, même s'il paraît certain que les architectes ont pensé la cité en fonction de son cadre naturel. Voici quelques tentatives d'analyses assez répandues :
- les fenêtres des maisons seraient orientées par rapport à la course du Soleil
- la cité prendrait la forme d'un caïman (l'animal considéré comme le plus ancien au monde dans la mythologie inca), ou d'un grand condor (un autre symbole important)
- l'aire religieuse serait construite sous la forme d'un puma
- le Huayna Picchu (la montagne en face) aurait la forme d'un puma prêt à bondir, d'où la construction des terrasses au sommet pour créer l'illusion d'un pelage hérissé. Cela signifierait qu'il est en quelque sorte le gardien de la cité.

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En bas, dans la vallée, nous rejoingnons en bus la petite ville d'Aguas Calientes, qui ne doit son dynamisme qu'à l'afflux de touristes.

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C'est de là que nous prenons le train qui nous ramènera à Cuzco. L'intérieur est assez classe et rétro, mais la machine n'avance pas et nous mettons 4h pour parcourir 130 km.

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Nous sommes de retour à Cuzco de nuit à 21h, un certain 24 décembre… La prochaine fois, on passera Noël ensemble, si vous le voulez bien ^^

18 avril 2008

Etape 9, Chemin de l'Inca

carte8Profil de l'étape

Départ : Cuzco
Arrivée : Site de Winay Waña, à 5km de Machu Picchu
Durée : 3 jours
Calendrier : du 21 au 23 décembre 2007
Caractéristiques : Marches et ruines incas en haute montagne
Ne pas oublier : Les chaussures de rando, l'indispensable chapeau pour protéger du soleil, et l'indispensable poncho pour protéger... de la pluie


Les retardataires sont arrivés, le guide s’est reposé, la pause s’achève. Au programme : 3 jours de marche en empruntant le Camino Inka (Chemin de l’Inca), l'ancien chemin royal qui jadis menait à la Cité Perdue des Incas. Sur les 35 kilomètres à parcourir nous attendent une végétation contrastée, et de nombreux édifices incas qui n'avaient pas été découverts par les conquistadors. Tunnels, ponts de bois et escaliers : si une partie du chemin a été restaurée, une grande portion du sentier est d'origine.

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Normalement, il faut réserver de longues semaines à l’avance car la réputation du trek est telle que les autorités ont depuis quelques années décidé de limiter le nombre de touristes sur le site. Seuls 300 à 400 marcheurs peuvent arpenter ce sentier chaque jour (et pour le Machu Picchu, aboutissement du 4ème jour, la limite est de 1500 touristes). Mais c’est la «saison creuse», et la fréquentation légèrement en baisse durant cette période de l’année nous permet, avec chance, de pouvoir intégrer l’un des groupes.

Un petit bus vient ramasser la douzaine de touristes que nous sommes au petit matin à l’hôtel, puis nous mène au début du sentier, perdu dans la montagne. Une fois traversée la rivière Urubamba, l'aventure commence. Raph et moi partageons un sac que nous portons à tour de rôle.

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Le site de Llactapa

Il fait beau, la marche est agréable, sauf que... ce qui devait arriver arriva. Une grosse indigestion transforme mes deux premiers jours en calvaire. Quand on est malade en haute montagne, quand on ne peut rien avaler et que la nuit précédente -assez glaciale- a été sans sommeil, on ne fait pas le fier. Surtout le matin du 2ème jour lorsqu’il faut grimper durant de longues heures plus de 1000 mètres de dénivelé jusqu’à l’Abra Warmiwañuska. La force mentale a beau jouer énormément dans ces cas-là, je faisais surtout du sur-place sur les 500 derniers mètres, m’arrêtant tous les dix pas… 

 

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Ascension du 2ème jour au matin vers le col de Warmiwañuska ("la femme morte" en Queshua) à une altitude de 4150m

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Doublant les touristes comme des fusées, les porteurs tracent avec des sacs ultra-lourds contenant les tentes, la cuisine etc. Je crois qu’ils auraient beau avoir une chiasse de tous les diables, cela ne les ralentirait pas pour autant. Car leur rémunération dépend de leur productivité. Alors ils grimpent à une vitesse folle (parfois pieds nus !) et lorsque nous parvenons au campement où nous allons passer la nuit, tout est déjà prêt. Les tentes où nous dormons par deux sont installées, et la collation n’attend que nous.

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Campement dans la nuit du 2ème au 3ème jour dans la vallée du Rio Pacamayo

groupe
Pose photo : douze touristes, dix porteurs dont un cuisinier (les deux guides s'occupant des appareils)
On ne se moque pas du mec en vert !

Pas de pitié au matin du 3ème jour. On commence directement par une montée qui nous occupe pour la matinée.

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Montée vers le col de Runkuracay, à 3500m d'altitude

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Arrivée au col

Un peu plus loin, on atteint la cité de Sayaqmarka ("la ville inaccessible") découverte en 1915. Une véritable petite ville avec ses maisons, ses terrasses, ses ruelles.

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Progressivement, le paysage et le climat changent sous nos yeux. Nous entrons dans la partie "amazonienne" du sentier. La pluie s'échoue sur une végétation luxuriante tandis que la brume tombe. Ambiance Jurassic Park assurée.

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Nous passons par un tunnel inca, creusé dans la roche par les anciens habitants de la Vallée Sacrée.

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Durant l'après-midi de la 3ème journée, nous arrivons à Puyuputamarca ("la ville au-dessus des nuages"), surplombant la vallée de l'Urubamba.
(tous ces noms hyper difficiles à retenir ne sont là que pour vous rappeler que vous êtes au Pérou et vous dépayser un peu)

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Enfin, lorsque la nuit commence à tomber, nous parvenons à Winay Waña, à 5km de Machu Picchu. Le nombre important de terrasses montre qu'il s'agissait vraisemblablement d'une cité agricole d'importance.

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Nous passons notre 3ème nuit en plein air au campement installé tout près. Lever prévu à 4h du matin, dans l'espoir que le panorama sur le fameux Machu Picchu ne sera pas trop embrumé. Le vrai spectacle, c'est pour demain.

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Oooooups, j'allais oublier. Y'a une douche, pour ceux qui le souhaitent.

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8 avril 2008

Etape 8, Cuzco

Attention, cette étape risque d'en laisser beaucoup sur le carreau. Courage !


M'enfin ne vous inquiétez pas tout de suite, je suis là pour vous aider. Commençons par le désormais traditionnel...


carte8... profil de l’étape.

Départ : Puno

Arrivée : Cuzco

Durée : 6 jours

Calendrier : du 16 au 21 décembre 2007

Caractéristiques : sacré et secrets pour chasseurs de trésors et archéologues

Ne pas oublier : réserver pour le trek du Chemin de l’Inca




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Notre contact initial avec le Pérou ne laissera pas de souvenirs impérissables. Puno est surtout la ville à partir de laquelle on embarque pour les îles flottantes (nous sommes toujours sur les rives du lac Titicaca). Nous laissons cependant cette occasion de côté, de peur de nous répéter après l’Isla del sol… Il faut bien faire des choix.

Nous séjournons quelques heures à Puno, qui nous sert de ville-étape le temps d’une nuitée. La grisaille et la tristesse de la ville ne nous encouragent pas y rester, de toute façon.

Ceci dit, nous voyons déjà clairement que nous foulons un autre pays. Non contents de découvrir les billets et les pièces de monnaie péruviens (la monnaie est le Sol, évidemment), nous constatons aussi que le nombre de distributeurs automatiques est multiplié par dix. Le coût de la vie est aussi deux fois plus élevé qu’en Bolivie et équivaut à peu près à celui de l’Argentine.

Une grande rue centrale piétonne concentre de nombreux restaurants et boîtes. Dès la nuit tombée, le touriste ne sait plus ou donner de la tête, agressé de parts et d’autres par des péruviens l’incitant à passer la soirée à la meilleur table ou sur le meilleur dancefloor de la ville.

Comme le Pérou a souvent la maladie de Parkinson, de nombreuses pancartes fixées aux murs informent que tel endroit est protégé contre les risques sismiques. De plus, il est à peu près partout indiqué le nombre maximal de personnes autorisées à l’intérieur d’un hôtel, bar, restaurant, magasin, etc.


Nous partons le lendemain midi. Objectif Cuzco, ville mythique, capitale culturelle du Pérou et de l’empire inca. La frontière entre les faits réels et les mythes y paraît bien floue, et accentue la légende qui pèse sur ce lieu.


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La nuit a enveloppé la cité lorsque le bus nous y dépose après 6 heures de voyage. La pluie nous contraint à ne pas traîner, et un taxi nous emmène à l’hôtel pour y rejoindre nos amis Romain et Aurore, dans le centre historique de la ville. L’eau en abondance dévale dans les petites rues pavées pentues. La voiture finit par ne plus pouvoir avancer, ce qui nous oblige à parcourir les quelques dizaines de mètres restants à pieds.

Retrouvailles sympathiques avec nos potes français le temps d’une soirée, avant qu’ils ne repartent le lendemain matin.
Nous échangeons déjà quelques souvenirs de voyage. Au rythme des cuillerées d’une sopa de pollo (soupe au poulet), ils nous parlent de Lima, nous leurs racontons le salar d’Uyuni… La truite de Copacabana me manque tellement que je craque pour une nouvelle trucha al limon (truite au citron). Mais c’est deux fois plus cher et le charme opère beaucoup moins.

Dehors, il pleut. Pas un chat sur la plaza de Armas (« place des armes », le nom de la place centrale de chaque ville du pays).

Bien décidés à nous poser un peu, nous passons 5 jours à Cuzco, avant de nous lancer pour le gros trek du Chemin de l’Inca devant nous mener au Machu Picchu.


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A notre grand regret, Cyp nous quitte le 2ème jour afin de monter vers Lima, la capitale péruvienne. Mais que ses nombreux fans se rassurent, nous le retrouverons un peu plus tard durant le voyage. Malgré notre tristesse inconsolable, effondrés par le départ de notre compagnon (un peu de tragédie, que diable !), Raph et moi continuons de découvrir une ville pleine de charme et de sympathie. Ici, on s’installerait sans problème pour davantage de temps.


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Au cœur d’une civilisation perdue, Cuzco mélange les fondements incas (on raconte qu’elle fut fondée au XIIème siècle par le premier Inca du nom, Manco Capac) et les splendeurs coloniales (suite à l’arrivée des conquistadors durant la première moitié du XVIème siècle, qui ont profité de la guerre civile inca).


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Dans le centre historique, les rues sont souvent étroites, et les murs de pierre ancestraux résistent à tous les tremblements de terre. Le quartier fascine. Les allées sont parcourues d’Indiens parlant autant l’espagnol que le Quechua, un dialectique traditionnel de la cordillère des Andes (les visages pâles ne représentent que 15% de la population). La musique traditionnelle -flûte de pan, bombo (percussion) et charango (une sorte de guitare)- résonne un peu partout.


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Le quartier le plus touristique et historiquement le plus intéressant se situe autour de la Place des Armes, qui constitue le cœur de la ville. Si on y trouve la très grosse majorité des boîtes et restaurants accueillant chaque soir un flot impressionnant de gringos, son intérêt est peut-être avant tout dans l’impact historique qui s’y dessine, des arcades coloniales à la cathédrale, en passant par l’église de la Compañia. Au centre de la place, les Péruviens se posent et passent tranquillement le temps assis sur un banc.


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Le Cuzco plus populaire que l’on découvre quelques cuadras plus loin (un cuadra = un bloc de 100 mètres) ne déçoit pas non plus. A l’occasion de quelques promenades, nous nous mêlons à la population locale le temps d’un repas dans une gargote. Pour environ 5 Soles (soit un peu plus d’un Euro), nous avons droit à une soupe (souvent au poulet) et à un plat de résistance à base de riz ou de pommes de terre. Rappelons d’ailleurs que le Pérou est LE pays de la pomme de terre et que l’on en trouve de nombreuses variétés (un modèle à suivre pour certains pays actuellement en retard de développement ?). Accrochée au mur, la télévision diffuse des « clips » de musique traditionnelle où des groupes folkloriques dansent sur les Places d’Armes des villages voisins. L’occasion pour les Péruviens qui ne voyagent pas beaucoup de mettre un visage sur les noms qu’ils entendent souvent.

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Des débris de bouteilles pour protéger des voleurs

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Hommage aussi aux nombreux toutous incas qui parcourent les rues.

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Nos pérégrinations nous mènent au marché de Noël, où les stands s’alignent dans les rues. Les guirlandes électriques se mélangent aux figures de Jésus-Marie-Joseph, sans oublier le fameux Tyrannosaure-Rex que l’on ne manquera pas de placer derrière le petit Jésus pour créer un peu de suspens quant à sa survie (qu’importent les anachronismes !). Le mouton en porcelaine est aussi très présent et ajoute une touche d’exotisme -y’en a marre des lamas. Au niveau bouffe, oubliez nos traditionnelles coquetteries culinaires. Si la viande de lama ou celle de cochon atterrira probablement dans de nombreuses assiettes le soir du réveillon, les étalages regorgent de grosses brioches aromatisées aux pépites de chocolat. Sinon, évidemment, on trouve peu de vrais sapins -la forêt jurassienne est un peu loin- mais les Péruviens sont par contre spécialistes des guirlandes musicales qui produisent une petite mélodie de Noël très aiguë et entêtante. Pour nous Européens c’est rapidement insupportable (surtout lorsque les mélodies se mélangent entre elles) tandis qu’au contraire, eux semblent y accorder une moindre importance.

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Notre ascension sur les hauteurs n’est pas sans rappeler La Paz, bien qu’ici, ce soit davantage à taille humaine.

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En redescendant la colline, certains contrastes nous sautent aux yeux.

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Ainsi, nous traversons des zones pauvres où il ne fait pas forcément bon s’attarder, aux maisons à peine terminées et aux chiens menaçants, pour tomber directement sur un quartier de classes aisées, avec grosses voitures et résidences sécurisées. Tandis qu’à La Paz les riches se cloisonnent loin des gens de peu (cf. étape 5), ici ils leurs font face. La peur et la fuite dans un cas, une simple ignorance dans l’autre : deux façons de gérer et de vivre les inégalités sociales.

***

Pour terminer, petit aparté BD. En tant que tintinophile de la première heure, je n’ai pu m’empêcher de tisser des liens entre les albums de Tintin et ce que j’ai vu pendant ce voyage. Quelques pistes de réflexions, qui n’excluent pas que je puisse avoir tort pour certaines interprétations ^^

A propos de Tintin et le Temple du Soleil tout d’abord. C’est dans la région de Cuzco qu’on trouve ce fameux temple. Il faut ceci dit savoir que le Temple du Soleil n’a de celui d’Hergé que le nom, et que ce dernier n’a jamais mis les pieds en Amérique latine.

A noter aussi, au début du même album : la mésaventure dans la Cordillère des Andes lorsque le wagon se détache et que Tintin est obligé de sauter du haut d’un viaduc semble inspirée à la fois du Tren de las Nubles (Train des Nuages) au nord de l’Argentine pour les paysages, et du train péruvien pour l’apparence des wagons, en bleu (normal après tout, cela est censé se passer au Pérou).

Par ailleurs, notons que cet album commence à Callao, le port de Lima sur la côte pacifique du Pérou. Et non loin de Lima, on trouve le site archéologique de Pachacamac. Le nom du Dieu péruvien créateur des peuples qui a dû inspirer à Hergé le nom du bateau dans lequel est détenu le professeur Tournesol dans le diptyque Les 7 Boules de Cristal / Le Temple du Soleil.

De plus, la jungle sud-américaine où nous mettrons les pieds dans quelques étapes est le décor de deux autres albums : Tintin et les Picaros et L’Oreille Cassée. Le fétiche Arumbaya m’a d’ailleurs paru « étonnement » inspiré des fétiches que l’on trouve au musée d’art pré-colombien de Cuzco.

A la différence du Temple du Soleil, Hergé préfère dans les deux albums cités précédemment inventer des noms de pays (cf. la République du San Teodoros), sorte de mélange entre la Colombie, le Pérou ou encore le Brésil. On peut penser que tout comme il le fait avec la Syldavie pour symboliser les pays d’Europe de l’est, Hergé souhaite ainsi que le divertissement prenne le dessus sur un engagement malgré tout présent. En effet, L’Oreille Cassée et Tintin et les Picaros restent très pertinents de par le questionnement qu’ils suscitent sur la rencontre des cultures (cf. le musée anthropologique de L’Oreille Cassée, par exemple) et par le portrait qui nous est donné indirectement de la réalité (du trafic de drogue aux tribus d’Amazonie, du carnaval de « Tapiocapolis » à l’instabilité politique des pays, sans oublier les bidonvilles aperçus dans la dernière vignette de Tintin et les Picaros). Ce n’est pas le sujet, mais il y aurait beaucoup, beaucoup à dire de tout cela...


Bon. C'est pas tout, mais comme je vois que tout le monde ou presque a laissé tomber la lecture, je m'en vais me cuisiner une omelette aux oeufs.

4 avril 2008

Etape 7, Isla del Sol

carte6Profil de l'étape

Départ : Copacabana
Arrivée : frontière Bolivie-Pérou
Calendrier : 14 et 15 décembre 2007
Caractéristiques : bienvenue chez les Incas
Ne pas oublier : manger des truites



 

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On l'appelle l'Isla del Sol (l'ïle du Soleil). A deux heures de bateau de Copacabana, c'est la plus grande île du lac Titicaca, d'une longueur de 9,6 km et d'une largeur de 4,6 km. Notre passage y est rapide, probablement trop pour profiter à fond de cette citée perdue, ancien sanctuaire dédié au dieu Inti et lieu de naissance du Soleil selon la mythologie inca.

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Sitôt débarqués sur la terre ferme, nous nous faisons interpeler par plusieurs guides désireux de nous emmener à leur hôtel. Mais nos yeux voient surtout devant eux la rude épreuve qui nous attend : l'escalier de l'Inca. 45 minutes de montée afin d'atteindre le premier village, avec notre sac de 15-20 kg sur le dos, cela nous décourage d'avance.
Avant l'effort, le réconfort... Une truite dans le ventre et zou, c'est parti !

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L'escalier de l'inca grimpe parmi les terrasses

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Arrivés en haut tout en sueur et épuisés, nous nous installons dans des chambres chez l'habitant. Le confort est succinct, mais lorsque l'on passe son temps en voyageur, le plaisir de s'allonger sur un matelas est décuplé. La preuve : ce qui devait au départ s'annoncer comme une petite pause s'est rapidement transformé en longue sieste.

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Ce qui nous intrigue, ce n'est pas tant le paysage que...

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...ça.

Je me réveille en fin d'après-midi, à l'aube du crépuscule. Raph est déjà parti vadrouiller, tandis que Cyp et moi partons à sa rencontre. Sur le chemin, des Boliviens ramènent quelques bourris à leurs pâturages... Heureux de croiser ces êtres charmants, je décide de prendre quelques clichés et de mitrailler quelques d'animaux qui auront eu le temps de me passer devant le nez pendant que je cherchais mon appareil. Qu'importe me dis-je, car à défaut d'avoir la tête, un postérieur d'âne sur l'île du Soleil ça pète quand même. Reste que la petite fille qui accompagne les chanteurs de hi-han se met alors à me faire comprendre que ses animaux ont un droit à l'image et qu'il faut que je paye pour ramener un souvenir. A la rigueur, on pourrait concevoir qu'il serait normal de donner un peu d'argent pour d'autres raisons... sauf que l'endroit est touristique, et loin d'être l'un des plus pauvres qu'on ait vu. Et puis zut, qu'on rémunère les propriétaires de vaches en Normandie lorsque l'on prend leurs bovins en photo dans ce cas !

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Le Soleil s'est échappé derrière l'horizon et nous laisse seuls sur des terres sacrées peu à peu envahies par le froid.

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Nous sommes seuls dans l'obscurité tombante. En face, sur l'autre colline, perdu dans la végétation, un bûcher se consume, un filet de fumée s'élève dans le ciel. Des percussions tribales résonnent, et laissent à penser que l'on sacrifie bien un lama ou deux. Indiana Jones est forcément passé par ici dans l'une de ses aventures.

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L'ambiance continue de nous ensorceler lorsque nous redescendons en pleine nuit vers notre village dans un dédale de petits chemins plus ou moins bien délimités. On s'y perdrait presque. La fête de fin d'année se déroule dans les murs de l'école. La musique folklorique résonne à nos oreilles et furtivement, nous percevons quelques enfants en costume.

Nous passons la soirée dans une pizzeria à deux tables. Comme toujours, le repas ne coûte rien... la Bolivie, pays idéal pour touristes fauchés.

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Au petit matin le lendemain, nous redescendons l'escalier de l'Inca afin de reprendre le bâteau de 10h pour Copacabana. Puis, un bus nous mène de l'autre côté de la frontière.

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La frontière Bolivie-Pérou, à 5km de Copacabana

Après 16 jours, l'odyssée bolivienne s'achève ici... Restent deux mois et demi de voyage. L'Amazonie et le carnaval au Brésil nous paraissent encore bien loin. Et pourtant, le rythme fou sur lequel notre périple va continuer ne cessera de nous étourdir de paysages toujours aussi contrastés et de rencontres inoubliables. Le voyage continue.

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Juli, petite ville sur la route entre Copacabana et Puno (Pérou)

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